Corrigé I. Allende (ELVi 2018 LV1)

–    Je suis la mère de Torres – dit-elle parce qu’elle n’avait rien trouvé[1]de mieux à dire.

–    Bonjour[2]Madame. J’en profite pour vous[3]remercier pour les bonbons[4]et les fruits que vous[5]nous avez envoyés[6].

–    Ne parlons pas de ça, je ne suis pas venue[7]pour entendre des politesses. Je suis venue pour vous[8]demander des comptes[9], dit Analia en posant la boîte de chapeaux sur la table.

–    C’est quoi ça ?

Elle ouvrit la boite et sortit les lettres[10]d’amour qu’elle avait gardées[11]pendant tout ce temps. Durant un long moment, il parcourut du regard cette montagne[12]d’enveloppes.

–    Vous me devez onze ans de ma vie, dit Analia.

–    Comment avez-vous[13]su[14]que c’est moi qui les avais écrites ? Balbutia-t-il quand il réussit enfin à faire usage de sa voix qui s’était coincée quelque part.

–    Le jour même de mon mariage j’ai compris[15]que mon mari ne pouvait pas les avoir écrites[16]et quand mon fils a ramené ses premières notes à la maison, j’ai reconnu l’écriture[17], et maintenant que je vous observe, je n’ai plus aucun doute, parce que vous, je vous ai vu dans mes rêves depuis que j’ai 17 ans. Pourquoi avez-vous[18]fait ça ?

–    Luis Torres était mon ami et quand il m’a demandé de lui écrire une lettre pour sa cousine il m’a semblé qu’il n’y avait aucun mal à ça. Et ça a continué une deuxième fois et puis une troisième ; et ensuite, quand vous[19]m’avez répondu, je ne pouvais plus faire marche arrière. Ces deux années furent les meilleures de ma vie, les seules durant lesquelles j’ai attendu[20]quelque chose. J’attendais le courrier. 

–    Ah.

–    Vous pouvez me pardonner ?

–    Ça dépend de vous, dit Analia en lui donnant les béquilles[21].

Le maitre mit sa veste et se leva. Les deux sortirent dans le brouhaha de la cour[22], où le soleil ne s’était pas encore couché.

D’après Isabel Allende, «Cartas de amor traicionado«


[1]L’expression « ocurrirsele algo a alguien » signifie « avoir l’idée de faire quelque chose » ou « penser à faire quelque chose. Dans cette phrase, cela veut dire en quelque sorte « qu’elle n’avait rien de mieux à dire », elle dit ce qui lui passe par la tête.

[2]En français les saluts « bonne matinée », « bonne après-midi », « bonne nuit » ou « bonne soirée » sont des formules pour dire au revoir or il s’agit ici d’un salut. Il fallait donc simplement utiliser « bonjour ». 

[3]« agradecerle », il s’agit ici dans le contexte d’un dialogue d’une troisième personne à valeur de formule de politesse à traduire par « …vous remercier » et non «la remercier… »

[4]« dulces » : « bonbons », « sucreries », « friandises »

[5]Idem note 3. Il s’agit toujours de la formule de politesse…

[6]Attention à l’accord du participe passé en français.

[7]Attention à l’accord, c’est une femme qui parle.

[8]Idem note 3

[9]« pedir cuentas » : « demander des comptes », « rendir cuentas » : « rendre dexs comptes ».

[10]« carta » : « lettre » / « tarjeta »,  « carta » : « carte »

[11]Accord du participe passé avec le COD « les lettres ».

[12]Littéralement « cerro » désigne un « colline » ce qui traduit la grande quantité de les et d’enveloppes. On peut traduire par « tas » ou « montagne ». 

[13]Reprise de la partie dialoguée donc cette troisième personne est à nouveau une formule de politesse.

[14]Le verbe du texte espagnol est au passé simple.

[15]Pour les parties dialoguées, il était préférable de traduire les passés simples par des passés composés en français. En revanche, pour les parties narratives, on peut garder le passé simple. 

[16]Accord du participe passé avec « les lettres » donc « écrites »

[17]En français, le terme de « calligraphie » désigne une forme d’écriture artistique. En espagnol, « caligrafia » est le terme généralement utilisé pour décrire une « écriture ».

[18]« hizo » est la troisième personne du singulier qui a ici une valeur de formule de politesse.

[19]« usted me contestó» à nouveau 3ème personne qui est un formule de politesse. 

[20]« esperar » a ici le sens d’ »attendre » comme on le comprend par la suite de la phrase « esperar el correo »

[21]« muletas » : « béquille ». Détail un peu énigmatique mais qui fait sans doute référence a un détail d’un passage précédent.

[22]« patio de recreo » « cour d’école »