Correction version J. Edwards (ELVi LV2 2001)

  • Tu sais quoi ? – lui dis-je[1] ; je pars[2]en Europe dans quelques[3]jours.

Ses espoirs[4]de partir étaient tellement minces[5]que cela m’a fait[6]de la peine[7]de le lui[8]annoncer.

  • En Europe ? Et comment ?
  • C’est[9]très simple : j’ai travaillé[10], gagné[11]un peu de sous et je pars[12].
  • Et tu y vas pour quoi[13]faire ?
  • Pour découvrir[14]– lui dis-je-, pour me[15]promener. Et si je trouve un[16]travail, je reste[17].
  • Tu vas y[18]rester pour toujours ?
  • Pour toujours ! Que veux-tu que je fasse dans ce pays[19] ? Dis-moi toi…

Griselda me regardait[20]bouche-bée[21], incapable de masquer[22]son envie et sa surprise[23].

  • Tu ne penses pas te marier alors[24] ?
  • Certainement pas[25] ! – lui dis-je-. Même contrainte et forcée[26] ! Avoir un enfant[27], ça oui[28], ça me plairait.
  • Sans être mariée[29] ?
  • Ce n’est[30]pas nécessaire de se marier[31]pour avoir un enfant, pas vrai[32] ?

Après un moment de stupeur, elle me sourit[33]légèrement et il me sembla[34]voir que les traits de son visage s’adoucissaient[35], pauvre Griselda ! Elle qui a connu tant de malheurs[36] : orpheline, recueillie chez nous[37]où nous avions à peine de quoi la nourrir[38], et maintenant avec ce[39]mari.

  • Envoie[40]-moi une carte d’Europe[41], me dit-elle au moment de nous quitter[42]-. N’oublie pas[43]. Je veux conserver un souvenir de toi.
  • Je vais t’envoyer une très longue lettre[44]-lui répondis-je- je te le promets.

Finalement, je n’ai jamais écrit cette lettre, mais je lui ai envoyé une carte postale depuis la place de la Signorina[45]à Florence. Elle devait être[46]morte de jalousie[47] !

D’après Jorge Edwards, Las mascaras, Ediciones de la Universidad, 2000


[1]« dije » 1èrepersonne du passé simple. On pouvait aussi utiliser le passé composé « ai-je dit »

[2]Au présent de l’indicatif

[3]« unos » : quelques (voir chapitre sur la numération )

[4]Préférable à « espérance »

[5]« infimes » « nuls »

[6]Au passé simple dans le texte. A traduire par un passé (passé simple ou passé composé)

[7]Dar pena : faire de la peine

[8]Attention à l’ordre des pronoms compléments en français (COD + COI) lui le annoncer

[9]On pouvait supprimer le verbe pour garder le style oral

[10]Verbe au passé simple en espagnol donc passé composé voir passé simple en espagnol. Cependant, le passé simple ne « passe » pas toujours bien à la première personne.

[11]Idem note 11

[12]Au présent dans le texte

[13]En deux mots ici… (= »pour faire quoi »)

[14]Préposition « a » impossible en français. « découvrir » / « connaitre »…

[15]Elle parle à la 1ere personne donc « me promener » et non « se promener »

[16]« algun » indéfini à traduire simplement par « un » voir « un travail quelconque »

[17]Ou « j’y reste »

[18]« y » obligatoire ici, sinon la phrase n’a pas de complément.

[19]« Qu’est-ce que je peux faire dans ce pays », au présent en tout cas

[20]A l’imparfait

[21]«la bouche ouverte » me semble une expression un peu étrange…

[22]« dissimuler »

[23]« étonnement »

[24]Ou « donc »

[25]il s’agissait ici d’un non catégorique comme le suggérait la traduction (« sans façon », « aucunement »)

[26]¡Ni amarrada ! », du verbe « amarrar » attacher quelqu’un, donc littéralement « même pas si on m’attachait »

[27]« hijo » est ici un nom générique qui se traduit par « enfant » et non seulement « fils»

[28]« par contre », « en revanche »…

[29]attention à l’accord du participe passé en français, ce sont deux femmes qui parlent…

[30]« il n’est pas »

[31]« d’être mariée »

[32]« non ? », « Si ? », « n’est-ce pas ? »

[33]attention au passé simple en français souria

[34]passé simple ou passé composé mais attention à la cohérence générale de la traduction

[35]à l’imparfait

[36]« pasarlo mal » = « vivre des moments difficiles, ici « harto » est un équivalent de « muy » 

[37]mieux que « dans notre maison »

[38]« de quoi nous nourrir » constituait un contre-sens

[39]« ese » qui a sens un peu péjoratif ici, le démonstratif « ce » peut aussi avoir ce sens là en français.

[40]pas de « s » à la deuxième personne de l’impératif…

[41]traduction par « de l’Europe » qui laisse à penser qu’il s’agit d’une carte géographique.

[42]« de nous séparer »

[43]« No » + subjonctif = impératif négatif. 

[44]« carta » est un faux-ami

[45]ne pas traduire

[46]« haberse » auxiliaire + participe passé, à mette au passé en français. 

[47]« d’envie »